mercredi 7 septembre 2016

Fasciolose (Agent causal ,Cycle évolutif,Épidémiologie ,Clinique ,Diagnostic biologique, Traitement ,La prophylaxie )

                                                            Fasciolose                                           

                                                  
                                                  
 Les fascioloses (distomatoses) sont des anthropozoonoses dues au développement accidentel chez l’homme de parasites trématodes.  
La distomatose hépatique à Fasciola hepatica est la fasciolose la plus souvent observée en France. 

D’autres distomatoses d’expression intestinale (Fasciolopsis buski), pulmonaire (Paragonimus westermani, Paragonimus mexicanus, Paragonimus uterobilateralis, Paragonimus africanus) ou hépatobiliaire (Fasciola gigantica, Dicrocoelium dendriticum, Clonorchis sinensis, Opisthorchis viverrini et Opisthorchis felineus) peuvent être rencontrées dans différentes régions du monde. 

Agent causal :


                             Fasciola hepatica ou « grande douve » est un trématode. Ce sont des vers plats non segmentés, foliacés, qui mesurent 20 à 30 mm de long sur 8 à 13 mm de large. Outre leurs deux ventouses, ils sont munis sur la cuticule externe d’épines cytoplasmiques qui facilitent leurs déplacements tissulaires. L’appareil génital est hermaphrodite. Les douves adultes ont une longévité de 10 à 12 ans dans les canaux biliaires de leurs hôtes.




Cycle évolutif : 

                             Le cycle naturel de Fasciola hepatica fait intervenir différents hôtes vertébrés et invertébrés. La douve adulte vit dans les canaux biliaires des bovins et des ovins. Elle pond des œufs non embryonnés qui sont éliminés avec les matières fécales. Ces œufs évoluent jusqu’à la formation d’un embryon cilié ou miracidium en présence d’eau douce et à une température de plus de 10 °C. Après éclosion, le miracidium pénètre dans un mollusque : la limnée. Chez cet hôte intermédiaire, le cycle se poursuit pour aboutir à la formation de cercaire. Celle-ci sort activement de la limnée et se fixe sur une plante immergée, prenant le nom de métacercaire. Les herbivores se contaminent en consommant ces végé- taux. Les métacercaires éclosent dans l’estomac ou le duodénum et les douvules perforent la paroi digestive, le foie, avant d’atteindre les canalicules biliaires où les douves matures s’installent. Trois mois après l’ingestion de la métacercaire, l’adulte pond ses œufs qui gagnent l’intestin par voie biliaire. La contamination humaine se fait par consommation de cresson sauvage, mâche, pissenlit, salade, menthe sauvage cueillie en zone d’élevage. L’homme est hôte accidentel et ne joue qu’un rôle accessoire, sinon nul, dans le cycle évolutif du parasite. 

Épidémiologie:


                              La fasciolose à Fasciola hepatica est répandue dans les pays d’élevage d’ovins et de bovins à condition que le climat soit suffisamment chaud et humide : Europe, Amérique latine, Afrique du Nord, Asie. En France, peu de régions sont épargnées et les principaux foyers se situent en Normandie, Sud-Ouest, Centre, Vendée, Bourgogne, Lorraine et Ardennes. 


Clinique:
                              La maladie humaine évolue en deux phases : 
                                                • la phase d’invasion:
survient après une latence de 1 à 3 semaines et associe les symptômes suivants : fièvre irrégulière avec pics atteignant 39 °C, douleurs de l’hypochondre droit ou de l’épigastre, malaise, asthé- nie, toux, éruption, urticaire. La perception d’une hépatomégalie est fréquente ; il existe parfois une splénomégalie. Les formes aiguës atypiques sont fré- quentes. Il peut s’agir de manifestations bronchopulmonaires, de manifestations cardiovasculaires ou de manifestations neuroencéphaliques ;
                                                • la période d’état:
survient 3à6mois après la contamination. Un tableau de cholécystite ou d’angiocholite avec vomissements, un subictère et une hépatomégalie sont observés. Des scléroses des voies biliaires et des cirrhoses ont été décrites chez des patients porteurs chroniques de douves. Il n’y a pas de description de distomatose transmise au nouveau-né. 

Diagnostic biologique :

Le diagnostic biologique de la fasciolose à Fasciola hepatica associe des examens non spécifiques, des données parasitologiques et des tests sérologiques.
 — Signes non spécifiques L’hémogramme montre une hyperleucocytose avec une hyperéosinophilie (1 000/μlà5 000/μl). Elle apparaît vers le 15e jour, est maximale au 2 e , 3e mois puis évolue selon la courbe de Lavier, diminuant progressivement pour se normaliser ou atteindre un plateau après quelques mois. Cette hyperéosinophilie est un élément important du diagnostic à la phase d’invasion ; elle est inconstante à la phase chronique. 
Le bilan hépatique est inconstamment perturbé. Les IgE totales et spécifiques sont élevées. 
— Examen parasitologique La recherche des œufs dans les selles est toujours négative pendant la phase d’invasion. Pendant la phase d’état, la faible fécondité des douves chez l’homme rend leur mise en évidence difficile et nécessite la mise en œuvre de techniques de concentration. Au total, 35 à 40 % des fascioloses sont diagnostiquées par la découverte des œufs.
 — Diagnostic sérologique C’est sur les résultats des tests sérologiques que repose le plus souvent le diagnostic. Il convient d’associer une technique de précipitation (électrosynérèse) à une méthode quantitative (hémagglutination, immunofluorescence ou ELISA). 

L’électrosynérèse est réalisée avec un extrait antigénique délipidé. Les précipitines apparaissent dès la 2 e semaine après l’infestation et disparaissent progressivement en plusieurs mois. Les résultats sont positifs dans plus de 80 % des cas.

 L’immunofluorescence indirecte est réalisée sur des coupes à la congélation de Fasciola hepatica adulte, incluse dans du muscle strié. Elle est significative pour un taux supérieur ou égal à 40. La réaction est positive dans 95 % des cas en phase d’invasion. Elle se positive à partir de la 3 e semaine après l’infestation et le reste en général assez longtemps.

 L’hémagglutination est effectuée avec des globules rouges formolés et traités par la glutaraldéhyde pour fixer des extraits antigéniques délipidés. Un titre supé- rieur au 1/320 est nécessaire pour affirmer le diagnostic. Cette technique est précoce, car elle détecte les IgM et les IgG. Mais elle se négative plus rapidement que les précédentes. Elle détecte environ 90 % des fascioloses en période d’invasion. 

Des résultats positifs ou discordants au dépistage doivent être confirmés par immunoélectrophorèse. La mise en évidence de plusieurs arcs de précipitation ou mieux la présence de l’arc 2 spécifique pose le diagnostic de la fasciolose. Cette technique, très spécifique mais peu sensible, est positive dans 96 % des fascioloses, dès la 3 e semaine après l’infestation. La confirmation peut être réalisée de manière plus sensible par la technique de l’immunoempreinte. La pré- sence de l’une des bandes spécifiques P8-9, P27-28 ou P60 est en faveur d’une distomatose. 

Ces différentes techniques sérologiques détectent les anticorps tant en période d’invasion qu’à la période d’état et permettent le diagnostic dans 95 % des cas. Elles se négativent entre 8 et 12 mois après traitement. Sous traitement, les titres initiaux des anticorps peuvent s’élever de manière importante et transitoire en raison de la libération des antigènes distomiens. 

La positivité d’une sérologie doit obligatoirement entraîner la recherche d’une contamination éventuelle de l’entourage. 

Traitement :
                                      Le traitement a longtemps été le dichlorhydrate de déhydroémétine (Déhydro-émétine®). Mais sa toxicité fait qu’il est abandonné au profit de deux autres produits : le praziquantel (Biltricide®) et le bithionol (Bitin®). Actuellement, le triclabendazole (Egaten®) semble efficace sur les larves et les formes adultes. L’éradication parasitaire est obtenue dans 80 % des cas après une prise orale unique de 10 mg/kg, atteignant 94 % en double dose sur 2 jours. 

La prophylaxie
                                     est individuelle et consiste à éviter la consommation de crudités sauvages.

Aucun commentaire:
Write comments